Faire entendre sa voix.
Samedi 16 décembre 2023, sept chiens courants étaient lâchement abattus par un membre d’une communauté hippie, sur la commune de Chanéac en Ardèche. En quelques heures, la barbarie des exécutions a fait le tour des réseaux sociaux, poussant même quelques médias nationaux à relayer l’affaire et les responsables de certaines associations de protection des animaux à prendre parti, une fois n’est pas coutume, pour les chasseurs. Les membres de la communauté ont quant à eux brandi le sempiternel argument faisant de nos chiens des animaux dangereux, agressifs, incontrôlables.
Notre Fédération s’est, bien entendu, de suite mobilisée : contact pris avec les deux propriétaires endeuillés, mise à disposition des services de notre juriste, rédaction d’un dossier de saisine et constitution de partie civile. Des actions qui s’inscrivent directement dans les fondements de notre mouvement, la défense des chiens courants et de leurs utilisateurs. A l’heure où je rédige ces quelques lignes, l’affaire n’est pas jugée, elle le sera en mars. Nous attendons bien évidemment de la Justice qu’elle soit exemplaire.
Ce drame, s’il suscite émotion et consternation dans le monde cynégétique, nous renvoie surtout à une dure réalité. Malgré les efforts entrepris ces dernières années en matière de communication par les grandes instances (à l’image des campagnes vidéopublicitaires de la Fédération Nationale des Chasseurs) ou les associations spécialisées (dont la FACCC), nos pratiques restent encore méconnues et trop souvent stigmatisées.
Nous continuons à souffrir de ces préjugés et descriptions caricaturales face auxquels nous avons trop longtemps gardé le silence. Nos campagnes de com’, aussi pertinentes soient-elles, peinent à toucher un autre public que celui qui nous est acquis.
Face à ce constat, nous avons souhaité tenter une approche différente, visant à nous donner davantage de visibilité, à forcer le dialogue et aboutir à une prise de conscience collective de la réalité de nos pratiques. C’est ainsi que le projet d’inscription de la pratique des chiens courants au Patrimoine Culturel Immatériel a été pensé et qu’il constitue aujourd’hui un des principaux chevaux de bataille de votre instance nationale.
Toucher le monde des profanes, les percuter pour qu’ils s’ouvrent à nous et acceptent de voir qui nous sommes. Et cela semble fonctionner puisque début janvier, nous nous retrouvions dans les locaux du ministère de la Culture face à un auditoire plutôt sceptique qui, après présentation et discussions, a finalement montré une ouverture et accepté de collaborer sur ce projet. Une séance de travail aura d’ailleurs lieu ce mois d’avril.
Tenter une nouvelle approche, c’est aussi peut-être ce qui a motivé le charismatique président de la Fédération Nationale des Chasseurs, Willy Schraen, à proposer une liste aux élections européennes de juin prochain. Chacun se fera une opinion en fonction de ses sensibilités politiques, l’important étant que les chasseurs semblent aujourd’hui prêts à se mettre en avant et à s’imposer au monde qui les entoure.
Alain Bénazet
Président de la FACCC